Outardes


Avec leur grande taille et leur plumage spectaculaire, les outardes sont des espèces emblématiques des prairies d’Afrique du Nord.

Les outardes sont de grands oiseaux terrestres qui privilégient la marche au vol. À l’instar de l’autruche, chez qui la marche a supplanté le vol, entraînant une réduction du nombre d’orteils, l’outarde a perdu son doigt postérieur, une adaptation qui facilite ses déplacements au sol.
Omnivores, les outardes se nourrissent d’une grande diversité d’aliments, allant des lézards et criquets aux fourmis, en passant par les graines mûres des graminées du genre Panicum. En tant que prédatrices naturelles de criquets et de sauterelles, elles jouent un rôle crucial dans la régulation de ces insectes, qui peuvent devenir de redoutables ravageurs agricoles.

Dans le Sahel, la plupart des outardes — voire toutes — effectuent des migrations locales. Durant la saison chaude, l’outarde nubienne migre généralement vers le sud depuis son aire subsaharienne, occupant alors des pâturages habituellement fréquentés par l’outarde arabe. Parmi les grandes espèces sahéliennes, c’est l’outarde de Denham qui réalise les déplacements les plus étendus : en été, de nombreux individus arrivent en masse depuis les savanes d’Afrique centrale pour s’installer au Tchad.
Le nid de l’outarde est une simple dépression dans le sol, discrètement dissimulée parmi les touffes d’herbes ou sous des arbustes à branches basses.
Dans les vastes plaines ouvertes et prairies du Sahara et du Sahel, leur plumage brun sable leur permet de se fondre dans le paysage, les aidant à échapper à la vigilance des prédateurs, qu’ils soient terrestres ou aériens.
Parmi ces prédateurs figurent divers petits carnivores — tels que les chacals, les ratels et les renards pâles — ainsi que des rapaces comme les corbeaux bruns, les aigles et d’autres oiseaux de proie.

Outarde de Denham

Nom scientifique :

Neotis denhami

Statut de conservation IUCN :

Quasi menacé

Population sauvage estimée :

Population en déclin

Zone de répartition :

Afrique

Outarde nubienne

Nom scientifique :

Neotis nuba

Statut de conservation IUCN :

Quasi menacé

Population sauvage estimée :

Population en déclin

Zone de répartition :

Dans l’ensemble des zones sahéliennes et, de manière plus marginale, sahariennes

Outarde arabe

Nom scientifique :

Ardeotis arabs

Statut de conservation IUCN :

Quasi menacé

Population sauvage estimée :

Population en déclin

Zone de répartition :

Principalement dans la zone sahélienne, en Arabie saoudite et au Yémen

Outarde de Denham dans la Réserve de faune de Ouadi Rimé – Ouadi Achim, au Tchad. © John Newby

Menaces et défis

Il y a plusieurs décennies, six espèces d’outardes étaient présentes dans la Réserve de faune de Ouadi Rimé-Ouadi Achim (RFOROA) : l’outarde arabe (Ardeotis arabs), l’outarde de Denham (Neotis denhami), l’outarde nubienne (Neotis nuba), l’outarde à ventre noir (Lissotis melanogaster), l’outarde du Sénégal (Eupodotis senegalensis) et l’outarde de Savile (Lophotis savilei). Toutefois, aucune observation des trois dernières espèces n’a été enregistrée depuis les années 1970. Aujourd’hui, seules les outardes arabes, nubienne et de Denham sont régulièrement observées dans la réserve.
Bien qu’elles ne soient pas encore classées parmi les espèces menacées — c’est-à-dire relevant des catégories de menace les plus élevées de la Liste rouge de l’UICN — les populations d’outardes subissent une pression croissante et doivent être considérées comme dépendantes des efforts de conservation.
La perte et la dégradation de leur habitat représentent des menaces majeures, de vastes étendues de prairies sahélo-sahariennes étant affectées par le surpâturage, la conversion en terres agricoles et les feux de brousse chroniques.

Outarde arabe dans la Réserve de faune de Ouadi Rimé – Ouadi Achim, au Tchad. © Sahara Conservation

La pression de chasse exercée sur les populations d’outardes a également fortement évolué au fil des décennies. Autrefois, les plus grandes espèces étaient chassées pour leur viande à l’aide de bâtons de jet, de lances, d’arcs et de flèches, ou encore de nœuds coulants fabriqués à partir de crins de cheval, placés au sol près des nids.
Ces dernières années, les outardes du Sahel et du Sahara — notamment les outardes arabe et nubienne au Soudan, au Tchad, au Niger et au Mali, ainsi que l’outarde houbara en Afrique du Nord — sont soumises à une pression accrue de la part de groupes de chasseurs venus de la péninsule Arabique.
Bien que ces chasseurs soient généralement équipés uniquement de faucons et parfois de chiens Saluki, la taille des expéditions, combinée à l’usage de moyens de transport et de communication sophistiqués, peut entraîner des prélèvements massifs et non durables en un laps de temps très court.

Nos actions pour la conservation des outardes

Depuis 2011, Sahara Conservation mène régulièrement, en partenariat avec la Direction de la Faune et des Aires Protégées et la Zoological Society of London (ZSL), des suivis par transects linéaires sur un bloc de 3 000 km² situé au cœur de la RFOROA au Tchad. Ces relevés permettent d’estimer les variations saisonnières de densité de population des trois espèces d’outardes présentes dans la réserve.

En 2016, avec le soutien du Fonds international pour la conservation de l’outarde houbara, basé à Abou Dhabi, Sahara Conservation a capturé et équipé de balises neuf outardes arabes adultes dans la Réserve naturelle nationale de Termit et Tin Toumma, au Niger, afin de suivre leurs déplacements et leur survie.

Plus récemment, en collaboration avec l’Institut ornithologique suisse et la ZSL, nous avons lancé une première mission d’évaluation de la situation des outardes dans la RFOROA, dans l’objectif de développer un programme de conservation spécifique pour ces espèces menacées.

Outarde arabe dans la RFOROA, Tchad. © John Newby